Officiellement ouvertes mercredi dernier au Palais des congrès de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) prendront fin lundi prochain, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
A Kara, les audiences ont porté sur plusieurs sujets notamment les violences électorales de 1958, les déplacements et déportations des populations, l’attentat de Soudou, les violences survenues à Guérin Kouka, Kouméa et Bafilo et d’autres violences relevées dans les dépositions.
Au moins 83 témoins et victimes ont défilé devant la CVJR de mercredi à Samedi pour des auditions publiques et privées. Mais le grand constat fait par un journaliste de l’Agence Savoir News à Kara est le peu d’engouement du public autour de ces audiences par rapport à Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé) où la salle d’audiences était toujours quasi-pleine, avec un véritable attroupement du public devant les écrans géants installés à l’extérieur.
A Kara, c’est seulement le jour de la cérémonie officielle de lancement de ces audiences que la salle était quasi-pleine. Le constat est souvent amer certains après-midi où la salle de banquets du Palais des congrès de Kara – où se déroulent ces audiences – est souvent pratiquement vide.
Selon Zéboua, responsable d’un cyber café, la population de Kara, notamment les jeunes, ne sont pas habitués à ces genres d’évènements où ils doivent sortir, aller écouter des discours et rentrer bredouilles.
« Ici, quand on nous appelle, il s’agit souvent des évènements politiques où on distribue des tee-shirts et un peu de sous. Quand il n’y a rien, les jeunes ne sortent pas. Ils préfèrent s’occuper de leur job. Vous n’avez pas constaté le jour de l’ouverture que certains avaient fait le déplacement. Mais quand ils ont constaté qu’il n’y avait rien, ils ne sont plus revenus », a souligné ce jeune homme rencontré samedi soir devant le Palais des congrès peu après les auditions.
« Ces +choses+ ne m’intéressent pas trop. J’aime plutôt là où il y a de l’ambiance. Je ne sais pas ce que cela va me rapporter, raison pour laquelle j’y vais pas », a pour sa part indiqué Abalo, conducteur de taxi moto.
Emmanuel Tomdala, professeur dans un lycée, estime plutôt que les populations n’étaient pas suffisamment informées: « Les gens n’étaient bien informés. Même à côté de ma maison, les amis n’étaient pas informés. La CVJR allait organiser une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation pendant au moins deux jours avant ces audiences à travers des caravanes dans la ville ».
« La plupart ceux qui organisent des manifestations ou autres réjouissances à Kara ont souvent procédé de la sorte. Et ça marche (…) les jeunes sortent », a-t-il ajouté.
Un agent de la préfecture interrogé, a balayé d’un revers de la main, les arguments avancés par ce professeur: « Les gens sont bien informés de l’arrivée des membres de la CVJR pour des audiences. Il y a eu des annonces publicitaires sur radio Kara qui est bien écoutée ici. En plus, la TVT montrait chaque soir les audiences de Dapaong ».
« On se connaît très ici à Kara. Les gens ne sortent que lorsqu’il y a des tee-shirts et de l’argent. Il faudrait qu’on se dise la vérité », a précisé cet agent de la préfecture qui a requit l’anonymat.
A Kara, ces audiences publiques et privées de la CVJR prendront fin lundi prochain. La dernière audience sera consacrée aux audiences sur requêtes et aux dossiers relatifs à diverses formes de violations des droits de l’Homme et d’abus de pouvoir.
Après Kara, les membres de la CVJR se rendront à Sokodé (environ 375 km au nord de Lomé), où les audiences démarreront le 6 octobre.
Ces audiences auront également lieu à Atakpamé, Tsévié, Aného, Kpalimé et Lomé.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
De Kara, Nicolas KOFFIGAN
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