Le président de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation (CVJR), Mgr Nicodème Barrigah-Benissan a officiellement lancé ce mercredi à Kara (environ 420 km au nord de Lomé) les audiences publiques et privées, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
La cérémonie s’est déroulée au Palais des congrès de Kara en présence des membres de la CVJR et des autorités locales dont le préfet de la Kozah, Kadja Abalodjam.
Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
Selon Mgr Barrigah-Benissan, le mandat de la CVJR est de « rechercher la vérité sur les violences et violations des droits de l’homme qui ont émaillé l’histoire de notre pays de 1958 à 2005 en vue d’aider les victimes à guérir de leurs traumatismes tout en proposant des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la réconciliation nationale ».
« C’est dans cette perspective qu’il importe de placer les audiences dont le principe de base est de laisser la parole aux victimes, témoins et auteurs présumés qui nous ont donné leur consentement afin que leurs témoignages contribuent à la recherche de la Vérité », a-t-il indiqué.
« Les audiences, comme on le voit, ont essentiellement une fonction pédagogique car elles sont destinées à apaiser les cœurs, susciter le repentir des auteurs présumés afin de rendre possible le geste interpersonnel du pardon qui réconcilie. En nous rendant plus sensibles aux souffrances les uns des autres, les audiences nous rappellent notre devoir d’éradiquer de notre vivre ensemble les causes de ces violences qui dressent des citoyens contre d’autres citoyens », a précisé le Prélat.
Le choix des personnes à auditionner, a souligné Mgr Barrigah-Benissan, est bien souvent pour la CVJR, un «exercice délicat au regard de la multiplicité des faits» dont la Commission a pris connaissance lors de l’étude des dépositions.
« Il est évident que nous ne pouvons faire venir en audiences toutes les 20.011 personnes ayant saisi la Commission. C’est pourquoi d’ores et déjà, je voudrais exprimer les excuses de la CVJR à tous ceux qui n’auront pas été retenus pour passer devant la Commission. Leurs dossiers ont été étudiés et seront pris en compte dans nos recommandations », a-t-il souligné.
« Le nombre des dépositions recueillies ici l’année dernière, soit un total de 3.787 témoignages donne la pleine mesure des attentes des populations de cette région à l’égard de la CVJR et de son mandat », a-t-il ajouté.
Le préfet de la Kazah a pour sa part, invité « chaque citoyenne et chaque citoyen à jouer sa partition historique en vue de restituer ou de contribuer à restituer la vérité pour favoriser définitivement la réconciliation nationale ».
Kadja Abalodjam a par ailleurs « remercié » et « félicité » la CVJR pour le « travail gigantesque » abattu chaque jour au « prix de sacrifices depuis la création de cette institution sur laquelle le Togo tout entier fonde beaucoup d’espoir pour un lendemain meilleur ».
A Kara, ces audiences porteront notamment sur les violences électorales de 1958, les déplacements et déportations des populations, l’attentat de Soudou, les violences survenues à Guérin Kouka, Kouméa et Bafilo et d’autres violences relevées dans les dépositions.
Les audiences de ce mercredi seront consacrées essentiellement aux événements liés aux ablodé sodja en 1958.
La semaine dernière, la CVJR était à Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé) pour la même activité. Après Kara, les membres de la CVJR se rendront successivement à Sokodé, Atakpamé, Tsévié, Aného, Kpalimé, et Lomé.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
De Kara, Nicolas KOFFIGAN
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