La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a lancé officiellement ce mercredi à Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé), les audiences publiques et privées, a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
C’est Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, président de la CVJR qui a présidé cette cérémonie à l’Hôtel Dapaong en présence du préfet de la localité et des autorités administratives de la préfecture.
La salle d’audiences était pleine à craquer lors cette cérémonie. La CVJR a enregistré 3.163 dépositions dans cette préfecture.
« L’eau ne reste pas sur les montagnes, ni la vengeance dans un grand cœur. Soyons donc des hommes au grand cœur durant ces jours des audiences. Sans le témoignage sincère qui libère de la tension et guérit de la douleur, sans la contrition et le pardon qui affranchissent de la vengeance et de la rancœur, il nous sera impossible d’espérer une réconciliation qui nous permette de regarder vers un avenir apaisé », a déclaré Mgr Barrigah-Benissan.
Le nombre important de dépositions recueillies à Dapaong, a contraint l’équipe à faire une sélection des dossiers qui seront présentées au cours des audiences, a-t-il indiqué.
« Les séances qui démarrent ce matin à huis clos ou privées, selon le vœu des personnes concernées. Ici à Dapaong, les audiences porteront notamment sur les évènements liés aux violences de 1958, aux incidents de Barkoissi, à l’affaire de la faune, aux violences électorales de 2005 et à des violations non catégorisés. Si une personne morale ou physique est interpellée par un témoignage, elle dispose, en vertu des dispositions réglementaires qui encadrent les audiences d’un droit de réponse et la parole sera accordée à sa requête », a précisé le Prélat.
Selon le préfet de la préfecture de Tone, Mossiyamba Ali Séydou, les Togolais doivent se pardonner et se réconcilier s’ils veulent que le pays aille de l’avant : «aujourd’hui, c’est aux victimes et aux présumés auteurs de la région des Savanes de se faire entendre».
« L’objectif n’est pas de savoir qui a raison, mais de connaître réellement ce qui s’est passé avant de pardonner », a-t-il souligné.
Les audiences publiques de ce mercredi seront consacrées essentiellement aux événements liés aux violences de 1958 et au conflit qui a opposé Moba et Tchokossi à Barkoissi en 1992.
Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
Ces audiences publiques, privées et à huis clos (in camera) doivent se dérouler à Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et à Dapaong.
Rappelons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
De Dapaong, Nicolas KOFFIGAN
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