Les populations de la région des Savanes, sont venues massivement suivre ce mercredi sur des écrans géants, les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), a constaté un envoyé spécial de l’Agence Savoir News.
Ces audiences ont été officiellement lancées mercredi matin à l’hôtel Dapaong (environ 650 km au nord de Lomé) par Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, président de cette Commission.
La salle d’attente de l’hôtel Dapaong – non loin de la préfecture – où est placée un écran géant était pleine à craquer. Même constat dans la salle où se déroulent les audiences. Un écran géant y était aussi installé. Hommes, femmes, jeunes et même des enfants étaient présents pour vivre en direct, les témoignages.
Personne ne voulait rater cette occasion. Ils étaient tous attentifs. Personne ne parlait lorsque le témoin commence sa version des atrocités qu’il avait vécues.
Selon Eugène Kombaté, la trentaine, enseignant à Dapaong ville, c’est un évènement majeur qu’il ne faut pas manquer.
« Cela ne s’est jamais passé chez nous à Dapaong. Il y a des gens qui ont commis des exactions soit au cours des élections présidentielles passées ou ont agi injustement contre certaines familles et c’est le moment de le dire. J’attends qu’on témoigne surtout sur les évènements de 2005, c’est très important pour moi. C’est d’ailleurs pour cela que je suis venu », a-t-il indiqué.
Pour cet enseignant, c’est le moment de la vérité : « Franchement avant, je n’y croyais pas trop. Mais les témoignages que j’ai suivis ce matin sur les exactions des militaires sur la question de la préservation de la faune et les exactions de 1958 me donnent espoir que la vérité jaillira de ces audiences et les gens se pardonneront pour une fois de bon et pour une réelle réconciliation ».
Aminata Laré, commerçante, a laissé son étal d’oignons au grand marché de Dapaong, bien que se soit ce mercredi que le marché.
« Je veux voir et entendre moi-même les témoignages. Ce que les témoins disent me font froid au dos. Je n’ai jamais entendu ça et si c’est vrai, il faut vraiment le pardon. Vous avez suivi le vieux Balemagou, qui a témoigné sur les évènements de 1958, comment il a été ligoté et battu. C’est horrible », a-t-elle souligné.
Par contre Kangbéni Nampock, la quarantaine présente dans la salle n’y crois pas aux témoignages, car selon lui, il y a plus que ce que disent certains vieux sur les exactions de 1958.
« Je pense qu’il y a certains qui mentent, mais l’important c’est que les présumés accusés s’ils sont encore en vie reconnaissent les fait. La CVJR devrait mettre en tête les exactions de 2005, c’est ce qui est encore vivace dans la tête des gens. Vous n’avez pas constaté que dans le public les gens attendent plus les témoignages sur les faits de 2005 ? C’est ce que tout le monde souhaite entendre », a précisé Kangbéni Nampock.
Les audiences publiques de ce mercredi concernent les événements liés aux violences de 1958 et au conflit qui a opposé Moba et Tchokossi à Barkoissi en 1992.
Les audiences sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
Ces audiences publiques, privées et à huis clos (in camera) doivent se dérouler à Lomé, Aného, Tsévié, Kpalimé, Atakpamé, Sokodé, Kara et à Dapaong.
De Dapaong, Niocolas KOFFIGAN
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