Au cœur des couples sans enfants: la souffrance muette de ces femmes et hommes souvent désespérés (REPORTAGE)

En Afrique et particulièrement au Togo, tout le souci des familles est que leur progéniture puisse avoir une femme féconde et un homme productif, afin de pérenniser leur progéniture.

Mais aujourd’hui, le constat est là: force Certains couples, après plusieurs années de mariage, n’ont pas d’enfant.

Dame Essi, 37 ans, fait partie de ces femmes qui souffrent dans l’ombre, après 13 années de mariage. Elle n’arrive pas à concevoir, un drame intérieur qu’elle vit.

« J’avoue que je suis malheureuse. Chaque jour que Dieu fait, je m’éloigne d’avantage de mon mari. Nous n’avons pas encore d’enfant. Une femme inféconde est ma vue dans nos sociétés. J’entends toutes sortes de pics provenant de ma belle-mère et de mes belles-sœurs », avoue Dame Essi, larme à l’œil.

L’émotion l’étreint, la souffrance la pénètre au plus profond de ses entrailles. Son visage devient moins radieux. Elle revient non sans peine sur une phrase lâchée par sa belle-mère lors d’une dispute: « Comme tu es incapable d’enfanter, il faut rompre avec mon fils ».

Des souvenirs s’enchevêtrent dans sa tête enveloppée par un foulard bleu. Elle ne pouvait plus continuer ses confidences. La vie est parfois cruelle. Car elle encaisse et continue de recevoir les foudres de son entourage.

Edwige Essomondom, enseignante de son Etat, s’est mariée depuis huit ans. Sa seule prière: avoir au moins un enfant.

Selon ses propos, elle a fait des pieds et des mains pour bouleverser la donne, mais rien pour le moment.

« Mon époux et moi, nous avons tout tenté. Après la médecine moderne, nous avons encore tenté avec la médecine traditionnelle. Mais aucun signe. Les charlatans nous ont soutiré beaucoup d’argent », affirme-t-elle.

Edwige Essomondom a maintenant opté pour la résignation: « Je me suis confiée au Seigneur. C’est lui seul qui donne d’enfant ».

Son mari qui en fait un sujet tabou, n’a pu s’empêcher de se confier en ces termes: « Je suis vexé. Je subis le poids du regard des autres. Je me sens sous-homme. Je suis blessé profondément quand mon cousin sur un ton sarcastique me demande de lui prêter ma femme….. C’est une blague de mauvais goût mais pleine de sens », confie ce dernier.

Jules Kwami, un informaticien, vit la même situation. Cet homme, a tout pour être heureux : une belle villa, une fée comme épouse, une grosse cylindrée et les activités qui marchent. Son seul regret et que le créateur ne lui a pas encore donné d’enfant.

« La plus grande erreur de ma vie aura été de signer la monogamie avec biens communs. Actuellement, je ne peux pas marier à une autre femme, alors que la culture me l’autorise », se plaint-il.

Dans beaucoup de couples, l’absence d’enfants a précipité la rupture.

« J’ai divorcé en 2001, parce que je ne supportais plus une relation matrimoniale sans enfants. Je devenais de plus en plus trop agressif à l’endroit de mon épouse. Elle incarnait pour moi tout le malheur de ce monde. J’ai contracté un autre mariage. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas d’enfant. Je suis maintenant acquis à la conviction qu’on ne peut pas échapper à son destin », confesse Yves Koffi, revendeur d’appareils électroménagers au grand marché.

Et de s’interroger sur sa vie: « Qu’ai-je fait à Dieu pour mériter un tel sort ? Aurais-je fait du tort à un homme de Dieu sans le savoir? », se demande-t-il.

Ces questions trouveront peut-être des réponses dans ces conseils d’un septuagénaire du nom de Papa Yawo. Ce dernier lui aussi vit le même supplice : « Après 70 ans de vie bien remplie, je n’ai pas eu l’opportunité de procréer. Peut-être aurais-je mis au monde des caïds ? Les forces des uns et les faiblesses des autres font le charme de la vie. Une vie sans problèmes serait une vie cadavérisée », se console-t-il.

Les solutions ne manquent pas. Certains fous de progénitures optent pour l’adoption. Peut-être même la fécondation in vitro serait un mode de résolution de cette lancinante équation. Mais avertit Papa Yawo: « La réalité sociale togolaise a sa dynamique propre qui récuse certaines libertés ».

Selon le docteur gynécologue Tétéh, les couples ayant ces genres de problèmes doivent consulter leurs médecins et suivre correctement les traitements.

« Certains couples ne cherchent même pas à rencontrer le médecins. Ils préfèrent s’attaquer à la tante ou à la vieille du village. D’autres viennent vers nous, mais ne prennent pas le temps de suivre le traitement », explique M.Tétéh.

« Les causes sont multiples et les traitements varient d’un couple à un autre », précise ce docteur.

Nicolas KOFFIGAN

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