« Je vous donne ma parole que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas trahir notre mandat », a promis mercredi soir Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, président de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) lors de la deuxième journée de l’atelier de formation des membres et du staff technique de ladite Commission sur les prochaines audiences publiques et privées, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.
Prévus pour s’achever ce mercredi, les travaux de ce conclave, prendront finalement fin jeudi.
Cette formation a pour objectif principal de susciter auprès des commissaires et du personnel engagé dans la phase des audiences, une excellente maîtrise des outils afférents à cette activité. Elle permettra également de mettre en relief les enjeux et les défis liés aux audiences dans le contexte socio-politique actuel.
« Je vous donne ma parole que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas trahir notre mandat. Rome ne s’est pas faite en un jour et un proverbe turc nous enseigne qu’+À force de demander son chemin, on finit par trouver La Mecque+ », a promis Mgr Barrigah-Benissan dans une déclaration à la presse.
« Lentement et sûrement la CVJR poursuit la mise en œuvre de son agenda et ambitionne de parvenir à la fin de sa mission. La tâche qui nous attend n’est pas de tout repos, mais nous avons fait avec vous le pari de la transparence et à force de persévérance, nous le gagnerons. C’est ma conviction et je voudrais la partager avec vous », a-t-il souligné.
Le Prélat n’a pas manqué de faire le bilan de « quelques activités » menées par son Institution de « manière transversale » ces deux derniers mois dans le cadre de la sensibilisation et de la mobilisation sociales: la mission de plaidoyer auprès de la diaspora et des conférences thématiques.
En juin et juillet, la CVJR a organisé une mission de plaidoyer dans quelques pays à forte communauté togolaise. Les membres de la Commission ont parcouru la France, la Belgique, l’Allemagne, les Etats Unis d’Amérique, le Canada, le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso pour des rencontres d’échanges, car la Réconciliation suppose l’adhésion de tous, Togolais de l’intérieur et de la Diaspora, a précisé Mgr Barrigah-Benissan.
« A l’évaluation, je dois avouer que le bilan est contrasté : du point de vue quantitatif, l’affluence qui était notable dans les pays de la sous région, a fait défaut en Europe, au Canada et en Amérique. Par contre, nous sommes satisfaits de la représentativité de nos interlocuteurs dont certains furent très critiques vis-à-vis des fondements même de la CVJR. Mais nous pouvons nous réjouir de la qualité des débats, dont certains furent âpres », a-t-il souligné.
Selon lui, le plaidoyer auprès de la Diaspora a permis de recueillir les attentes et les recommandations des togolais qui vivent au-delà de nos frontières, qui attendent notamment d’être mieux pris en compte lors des élections et qui réclament de la part de l’Etat une meilleure attention.
En ce qui concerne les conférences thématiques, elles ont permis de 8 au 21 juin, dit-il, « d’entretenir les Togolais de l’intérieur sur une série de thèmes dont la compréhension devrait nous permettre de préparer les esprits à la tenue des audiences à savoir, entre autres, les conditions de la réconciliation au Togo, la contribution de l’Armée au processus de réconciliation, les dissensions ethniques au Togo, les problèmes de la faune, les déplacements forcés des populations, les déportations, les violences électorales, les problèmes de la chefferie et leur incidence sur la réconciliation, les conflits fonciers… et j’en passe ».
« Ce furent des moments d’échanges avec des chercheurs, historiens et juristes sur des questions préoccupant les Togolais pour une relecture et une meilleure compréhension de l’histoire du Togo de 1958 à 2005 », a-t-il poursuivi.
Pour les prochaines audiences, Mgr Barigah-Benissan a indiqué que les membres de la CVJR sont actuellement « mieux outillés pour déterminer les conditions optimales dans lesquelles l’organisation des audiences servira à la manifestation de la Vérité, lors des séances au cours desquelles seront entendus et interrogés des victimes, des témoins ou des présumés auteurs de violence ou de violations des droits de l’homme ».
« Nous mesurons mieux l’importance des questions liées à la prise en charge psychologique et médicale des participants et la sécurité des témoins, victimes et auteurs présumés. Nous savons par-dessus tout que les audiences doivent avoir une fonction pédagogique favorable à une catharsis collective, qui incite à la reconnaissance des fautes, de la souffrance et de la détresse, infligées à l’autre, qui incite à demander pardon et à accorder le pardon », a-t-il indiqué.
« Je suis autorisé à vous dire que les séances à venir prendront la forme d’audiences publiques, d’audiences à huis clos (in camera) ou auront lieu en privé sur toute l’étendue du territoire national avec la pleine participation des médias pour le relais », a-t-il précisé.
« A la fin des audiences nous élaborerons une politique nationale de réparations et nous ferons des recommandations dans le sens de l’apaisement », a souligné le Prélat avant d’ajouter: « Je sais que nous sommes attendus à ce tournant là ».
Rappelons que la phase des dépositions s’est achevée en décembre 2010 avec 20.011 témoignages et plaintes collectées.
Notons que la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.
Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Junior AUREL
Savoir News, une équipe jeune et dynamique
www.savoirnews.net, l’info en continu 24/24H