Les membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), ainsi que le staff technique sont formés mardi à Lomé au sein d’un atelier en vue d’une « meilleure organisation » des prochaines audiences publiques, privées et in camera, a constaté un journaliste de l’Agence Savoir News.
Prévu pour durer deux jours, cet atelier qui se tient dans l’enceinte de la CVJR, permettra de renforcer leurs capacités sur les audiences.
Les audiences permettront de donner aux victimes et aux survivants l’occasion de témoigner et d’être entendus et offrent la possibilité de susciter un débat national et de reconnaître officiellement et publiquement les préjudices passés.
Ce conclave bénéficie de l’appui technique de deux Experts internationaux qui viendront du Ghana et du Maroc.
Il a pour objectif principal de susciter auprès des commissaires et du personnel engagé dans la phase des audiences, une excellente maîtrise des outils afférents à cette activité.
Il permettra également de mettre en relief les enjeux et les défis liés aux audiences dans le contexte socio-politique actuel.
Selon Mgr Nicodème Barrigah, président de la CVJR, cet atelier « marque la dernière ligne droite » du dispositif mis en place par sa Commission pour les audiences dans les « meilleures conditions possibles ».
« Les audiences constituent la phase la plus visible du processus lié à la justice transitionnelle. Non pas seulement parce qu’elles exposent parfois, sur la place publique le face-à-face, parfois tendu entre victimes et auteurs présumés, mais aussi et surtout parce que les audiences sont la phase où la quête de la Vérité est en pleine lumière: il s’agit de donner la parole aux victimes et faire parler les auteurs qui sont tous présents par consentement, pour reconnaître et réparer le tort vécu par les premiers et pardonner par les seconds », a-t-il souligné.
« Vous en conviendrez avec moi, la tâche ne sera pas facile, surtout au regard des contingences liées au contexte sociopolitique local dont nous savons que les crispations épisodiques ont un impact négatif sur notre bilan. Mais nous ne reculerons pas devant cette difficulté pas plus que les autres ne nous ont rebuté pendant les phases précédentes des dépositions, du traitement des données et des investigations », a précisé Mgr Barrigah.
Le prélat a énuméré un certain nombre de « questions préalables » à régler avant ces audiences.
« Comment obtenir la garantie que les protagonistes seront mobilisés et disposés à contribuer à la manifestation de la Vérité ? Quelle place devons-nous accorder aux groupes vulnérables que constituent les femmes et les enfants ? Quelles sont les implications juridiques liées aux audiences ? Comment assurer la protection des victimes, témoins et auteurs présumés par rapport aux témoignages qui seront entendus ? Quelles sont les dispositions à prendre pour que l’opinion publique soit largement informée sans tomber dans l’ostentation ? Comment gérer les stress et les traumatismes inhérents à ce genre de situation ? », s‘est-il interrogé.
« C’est donc pour mettre toutes les chances de réussite de notre coté que nous organisons cet atelier qui a pour objectif de susciter auprès des commissaires et du personnel engagé dans la phase des audiences une excellente maîtrise des outils afférents à cette activité », a expliqué Mgr Barrigah.
« Cette rencontre d’échanges d’expériences nous permettra de mieux appréhender les enjeux pédagogiques et les défis liés à la délicatesse de cette phase qui est incontournable et nécessaire pour la recherche d’une vérité en nous inspirant des expériences des autres pays notamment le Maroc et le Ghana dont les personnes ressources nous assistent », a-t-il ajouté.
Notons que la phase des dépositions s’est achevée en décembre 2010 avec 20.011 témoignages et plaintes collectées.
En rappel, la CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels.
Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Nicolas KOFFIGAN
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