C’EST PAS BON : Véritables sales temps de nos jours pour des détenteurs de pièces d’argent limées ou de billets de banque « fatigués »
Est-il permis de refuser une pièce d’argent limée ou un billet de banque « fatigué » (usagé, déchiré et recollé) ? La pratique est courante depuis quelques années au Togo où ces pièces d’argent et billets de banque sont systématiquement rejetés. Et cela entraîne parfois de disputes, voire de bagarres entre vendeurs et détenteurs de ces moyens de paiement.
« Des gens n’hésitent pas vous à retourner votre pièce d’argent, lorsqu’elle est un peu limée. Avant d’aller au marché, je dois bien vérifier mes pièces d’argent. C’est pas bon », se plaint Henriette, comptable dans l’administration publique.
« Surtout au marché, il y a certaines vendeuses qui vous retournent votre pièce d’argent d’une façon à vous énerver, alors que je ne fabrique pas de monnaies », ajoute cette jeune dame.
Tout le monde est pratiquement sur le qui-vive. Dans des marchés, des restaurants, des supermarchés etc….on observe minutieusement les pièces d’argent et les billets de banque. Personne ne veut « emmagasiner » ces pièces et billets de banque « sorciers ».
« Jeudi dernier, deux adultes se sont battus devant nous ici à cause d’une pièce de 100 F.CFA un peu limée. Un jeune homme (environ 26 ans) a remis cette pièce à un conducteur de zémidjan qui l’a refusée. Le jeune a estimé qu’il n’ a plus d’argent sur lui. Et l’autre, ne voulait rien entendre », raconte une vendeuse rencontrée au marché de Hedzranawoé.
« Après quelques minutes de disputes, ils se sont rentrés dedans et se sont blessés. Il a fallu l’intervention des autres conducteurs de taxi-moto sur le parking, car l’un avait l’œil gauche gonflé et l’autre, le nez en sang », souligne cette revendeuse de feuille d’Adémé.
Pour cette jeune dame du marché de Hedzranawoé, ces genres de scènes liées au refus de pièces d’argent limés ou billets de banque « fatigués », sont courantes dans le marché. Même entre nous revendeuses, on le fait.
« Moi-même, je refuse parfois ces pièces limées et surtout les billets un peu déchirés ou recollés, parce que si je les accepte, je ne pourrai pas les utiliser après. C’est le tout le monde rejette ces billets et ces pièces. Même dans certaines grandes boutiques, on les rejette », précise-t-elle.
« Vous êtes des journalistes, c’est à vous de nous aider, surtout de sensibiliser la population. Car, ce qui se passe est très mauvais. Parfois, vous avez de l’argent et vous ne pouvez pas acheter. Où allons-nous ? », s’écrit, une autre revendeuse assise non loin. devant son étalage de tomate.
Selon certains togolais interrogés, cette pratique serait une attitude importée des pays voisins, notamment du Bénin.
« Au Togo, on ne refusait pas de pièces d’argent limées ou de billets de banque froissés. Ce sont les nôtres qui sont allés au Bénin, pendant les moments de troubles qui se revenus avec cette attitude », explique Adjinouvi, gérant d’une boutique de prêt à porter à Dékon.
« Si j’ai bonne mémoire, jusqu’en 1995 et 96, il n’y avait pas ça chez nous. Nous avons intérêt à nous ressaisir. Et j’invite nos autorités, surtout le gouvernement à prendre des mesures, afin que cessent ces genres de pratiques. Nous ne fabriquons pas de pièces d’argent ou de billet, c’est la banque qui les émet », souligne Adjinouvi.
« Je suis parfois obligé d’aller dans des stations-services acheter de carburant avec des pièces limées et billets usagés reçus. Mais écouter, dans d’autres stations, ces pièces et billets sont également rejetés », souligne-t-il.
Agnèle, employée dans un cyber café, renchérit : « Je suis obligée de faire un petit +stock+ de pièces neuves de 100 F pour mon enfant qui va à l’école. Ainsi, chaque matin, je puise dans la boîte pour être sûre qu’il ne va pas à l’école avec une pièce de monnaie limée ».
Selon des banquiers approchés par l’Agence Savoir News, un billet de banque est refusé lorsqu’il s’agit d’un faux billet ou bien lorsque le numéro dudit billet est illisible.
« Si les billets sont dégradés jusqu’à un certain niveau, les détenteurs peuvent se rendre aux guichets de la banque centrale ou des banques installées dans la ville pour faire l’échange. Mais à condition que ces coupures ne soient pas endommagées aux 2/3. Et très important, on doit retrouver le numéro. Les pièces de monnaie abîmées sont également reprises », explique le responsable d’une banque.
« J’avoue qu’il faut aujourd’hui sensibiliser la population. Les gens refusent les pièces d’argent et les billets de banque n’importe comment. Ce n’est pas bon », précise-t-il. FIN
Edem Etonam EKUE
Savoir News, La Maison de L’INFO
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