Animateur sur l’antenne de la radio privée Kanal FM, Sas Gawou, de son vrai nom, Tété Innocent Gawou Kodjo, est connu des Loméens pour son émission « Club de la presse », animée de lundi à vendredi entre 11H à 12H GMT.
« Le pseudonyme +Sas+ fait référence au héros d’un roman d’espionnage de Gérard de Villiers, dont j’étais grand amateur dans mon adolescence », explique le grand animateur de radio.
Grand de taille (environ 1,90 m), avec un petit visage toujours rayonnant, « Sas » (comme l’appellent souvent ses amis) est l’un des grands animateurs de radio du Togo. Il est devenu célèbre, grâce au « club de la presse », l’émission qui fait défiler les grands journalistes de la presse privée dans le petit studio de Kanal FM.
« C’est une émission que j’avais, dans la foulée proposé au directeur de la radio en avril 2007 Le début n’a pas été facile. Je payais même les journaux de ma poche pour la revue de presse (…) », se souvient encore Tété Innocent Kodjo.
Né en février 1964 à Hahotoé (environ 45 km au nord-est de Lomé), Sas Gawou a connu une scolarité brillante: « j’étais souvent major de ma classe, même si ce n’est pas très modeste de le dire. J’ai eu le bac avec mention en 1985 ».
« J’étais ensuite admis avec une bourse nationale à l’université de Lomé, en classe d’Allemand (…) J’étais comme un +Kokoumbo à Paris+, parce qu’à l’époque, j’étais le premier de ma famille à accéder aux études supérieures ».
Après sa licence, cet homme issu d’un milieu polygame avait nourri le rêve de poursuivre ses études à l’étranger: « j’espérais faire mon doctorat en Allemagne, mais je n’ai pas obtenu la bourse, alors que j’étais le major de ma promotion ».
« J’ai appris plus tard que la bourse avait été détournée. J’ai mis quinze ans à oublier cela », raconte le « chouchou » des auditeurs de Kanal FM, le visage devenu subitement triste.
Le docteur raté s’est plutôt lancé dans l’enseignement. Tété Innocent Gawou Kodjo a parcouru plusieurs collèges privés et publics où il a enseigné l’Allemand.
Ce périple au milieu des élèves lui a permis de côtoyer certains grands professeurs tels que Lojard Kolaly (professeur d’histoire-géographie) et Essoyaba Boukpessi (professeur de comptabilité et actuel directeur financier du port de Lomé).
« Après dix-huit années de professorat, j’ai renoué avec mon rêve de journalisme. Alors j’ai fondé l’hebdomadaire +Nouvelle ère+, un journal qui a fait plouf », regrette cet ancien professeur qui s’est finalement accroché aux micros de radio Kanal Km.
Grâce au « club de la presse », les auditeurs de Kanal KM découvrent la « Une » des journaux et suivent en direct, des analyses et commentaires des journalistes sur les sujets abordés par les différents Canards parus.
« +Club de la presse+ est incontestablement l’émission la plus écoutée », reconnaît Jean-Baptiste Dzilan, alias Dimas Dzikodo, le directeur général chargé de la publication du grand quotidien privé « Forum de la semaine ».
Kossigan Assionvi, conducteur de taxi-moto, affirme de son côté être un « abonné » de l’émission: « je ne travaille plus entre 11H et 12H. Grâce à mon petit poste radio, je suis l’émission dans son intégralité, ce qui permet de savoir ce qui se passe dans le pays ».
Emission à grande audience, « club de la presse » pourrait devenir les années à venir l’émission « fétiche » de tous les togolais à laquelle s’accrocheront même les grands annonceurs, si l’animateur principal « fait l’effort » de se « débarrasser de certaines de ses positions tranchées » face à certains sujets durant l’émission, selon des observateurs de la scène politique togolaise.
Les mêmes observateurs l’accusent aussi de mal orienter parfois, les débats.
« Si mes sentiments transparaissent, c’est bien malgré moi », avoue « Sas » qui n’a jamais caché sa position face l’actuel régime.
« Si Faure Gnassingbé veut être le Michael Gorbatchev du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT, le parti au pouvoir) et du Togo, je pourrai l’accompagner », affirme-t-il d’un air très sérieux.
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