Debout dans le hall d’un grand hôtel de Lomé, un groupe de journalistes discutent à tue-tête après la cérémonie d’ouverture d’un séminaire.
« J’espère que les organisateurs ne vont pas nous laisser partir. Ils doivent nous +déplacer+ », chuchote l’un des journalistes au milieu du groupe.
« Le +communiqué final+ est important. Nous irons voir l’attaché de presse, parce que les organisateurs du séminaire ne disent rien. Ils ne savent pas si les journalistes les attendent », renchérit un autre, l’air un peu furieux.
« Si ceux qui nous ont invités ne font pas de geste, je ne fais rien. Je vais simplement tirer un trait sur l’évènement », menace un autre journaliste.
De nos jours, les perdiums ou +communiqué finaux+ ou encore « le gombo » font rage au sein de la presse togolaise.
Selon des enquêtes menées par des journalistes de l’Agence Savoir News, le montant de ces perdiums varient entre 2.000 et 10.000 F.CFA en fonction de l’évènement.
Ces perdiums, considérés comme des «frais de déplacements» du journaliste, sont empochés par ce dernier.
Mais le hic, c’est que le « gombo » tend au fil des jours à s’imposer aux organisateurs.
Est-ce une obligation de verser des perdums aux journalistes?
« En principe, ceux qui nous invitent pour une couverture ne sont pas tenus de nous +déplacer+. Un bon journaliste devrait se faire déplacer par son organe ou sa rédaction qui l’utilise. Je crois que c’est le manque de moyens qui fait que le journaliste, arrivé sur le terrain a toujours tendance à réclamer un perdium », explique Yves Dossou, journaliste reporter à radio Kanal Fm.
Selon lui, le phénomène peut être bien corrigé « si les journalistes sont mis dans de bonnes conditions de travail et si l’organe qui les utilise met les moyens conséquents pour leur épanouissement ».
Mawu Komi Dieudonné, journaliste aux Hebdos « Le Changement » et « L’Alternative » abonde dans le sens, estimant que cette pratique est beaucoup plus liée aux conditions de vie et de travail des journalistes, notamment ceux de la presse privée.
« La plupart des journalistes n’ont pas un salaire, c’est une réalité indéniable. Aujourd’hui, le +gombo » sert de moyen de subsistance aux journaliste », affirme ce journaliste.
Selon certains observateurs, le métier du journalisme au Togo n’est qu’une folle passion, notamment dans le secteur privé.
Des radios et télévisions privées, en passant par des journaux et la presse en ligne, les journalistes reconnaissent que leur métier ne nourrit pas son homme.
Selon de récentes enquêtes menées par des journalistes de l’Agence Savoir News – dans le secteur privé- , 1 organe sur 20 paie régulièrement un salaire ou une prime fixe à ses journalistes. Et ses rémunérations fixes varient entre 25.000 et 160.000 F.CFA.
Dix-huit organes sur vingt paient leurs journalistes en fonction des recettes de la semaine ou du mois.
Pour la plupart des hebdomadaires, les journalistes sont des pigistes rémunérés le jour du « bouclage ».
« Je touche 5.000 F.CFA par semaine, c’est-à-dire le jour où le DP nous appelle pour confectionner le journal. Il arrive des jours où il ne donne rien, sous prétexte qu’il n’a pas les moyens », confie le journaliste d’un hebdomadaire.
La nécessite de l’adoption de la Convention Collective
Pour Abass Issaka, Directeur de Publication de l’Hebdo « Le Magnan Libéré » et secrétaire général du Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP), seule l’adoption d’une Convention Collective pourra régler tous ces problèmes auxquels la presse privée togolaise est confrontée.
« Avec cette Convention Collective, le journaliste sera normalement payé. Il se rendra sur les lieux de reportage sans avoir l’intention de réclamer de +gombo+ », précise Abass Issaka.
« La convention collecte reste aujourd’hui la solution et nous la souhaitons vivement. Je suis patron de presse, ce n’est pas une chose qui est contre nous ; c’est une entente mutuelle ; c’est à ce niveau que se situe la solution », renchérit Isidore Akolor, Directeur de Publication de l’hebdomadaire Actu Express.
Le sujet déjà en récflexion au niveau des Associations et Patrons de presse
Selon Crédo Tétteh, Secrétaire général de l’Union des Journalistes Indépendant du Togo (UJIT), les réflexions avec les patrons de presse sont en train d’être menées.
« Nous devons en arriver là pour que le monde des médias soit assaini et que le journaliste travail dans les meilleurs conditions », souligne-t-il.
Lambert ATISSO
Savoir News, une équipe jeune et dynamique