Nigeria: Amnesty dénonce des « disparitions » forcées massives

Amnesty International a appelé Abuja mercredi à enquêter sur des disparitions massives de citoyens nigérians, citant notamment les accusations d’un groupe chiite qui déplore la disparition de 600 de ses membres depuis décembre 2015.

« Amnesty International demande aux autorités nigérianes d’enquêter sur les cas de disparitions forcées et de traduire tous les responsables de ces crimes en justice », a relayé l’ONG de protection des droits de l’Homme dans un communiqué.

L’ONG cite des tueries contre le groupe chiite pro-iranien du Mouvement Islamique du Nigeria (IMN) entre les 12 et 14 décembre 2015 à Zaria (nord-ouest), qui ont fait 350 morts, et affirme que le groupe assure être toujours sans nouvelle de 600 autres de ses membres.

Le chef de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, qui ne reconnaît par l’autorité d’Abuja et est accusé d’être une menace pour la sécurité de l’Etat, est toujours en « détention préventive » et n’a jamais été montré en public depuis cette date.

D’après Amnesty, des « centaines » d’autres personnes ont disparu dans le nord-est du Nigeria cette fois, région épicentre de la guerre contre le groupe jihadiste Boko Haram, où les « jeunes hommes sont souvent arrêtés par l’armée qui les accuse d’être affiliés à Boko Haram ».

« Les familles des victimes de disparition forcée ont attendu des réponses pendant trop longtemps », peut-on lire dans le communiqué, publié à l’occasion d’une journée mondiale sur le sujet.

« Ils méritent la justice, la vérité et des réparations financières dès maintenant. »

Les rapports entre les autorités nigérianes et Amnesty International sont tendus. Mi-juin, l’armée nigériane a annoncé qu’aucune enquête judiciaire ou poursuite interne ne serait engagée contre des hauts gradés mis en cause dans un autre rapport pour des exactions commises dans le conflit avec le groupe jihadiste Boko Haram.

Le vice-président, Yemi Osinbajo, qui était alors chef d’Etat par intérim, a toutefois demandé aux militaires début août de respecter les conventions internationales des droits de l’Homme dont le pays est signataire.

SOURCE : AFP