Mme Angélique Mensah: « Nous femmes, nous devons nous libérer de la pensée que nous sommes des sexes faibles »

Très active, l’association « les femmes battantes du mont Kloto » est un regroupement qui œuvre pour l’épanouissement de la femme dans la préfecture de Kloto. Cette Association créée en 2015, a déjà mené plusieurs actions sur le terrain. La présidente Mme Angélique Mensah approchée par le correspondant de l’Agence Savoir News, parle de son association et ses objectifs.

Savoir News : Qu’est ce qui a motivé la création de cette association ?

Mme Angélique Mensah : Notre association est née pour combler le vide du manque d’un cadre de concertation des femmes pour discuter de leurs conditions de vie, de travail et de bien-être social et économique. C’est ainsi que le 8 mars 2015, un groupe de femmes se sont rassemblées pour lancer l’idée de ce regroupement que nous appelons aujourd’hui « femmes battantes du mont Kloto ».

Elle est née à la suite d’une discussion des femmes qui ont pensé qu’elles peuvent s’organiser et participer au développement de la commune, créer un cadre de retrouvailles en dehors des réunions politiques.

Pourquoi les « femmes battantes » ? (Est-ce une catégorie spéciale de femmes).

Non, cette appellation « femmes battantes », tout simplement pour dire aux hommes, que les femmes peuvent aussi contribuer au développement de la cité, rappeler aux femmes que nous devons nous battre pour faire connaître nos droits. A ce titre, n’entre pas dans l’association qui veut, mais une femme qui pense à son autonomisation économique et au développement de Kloto.

Quels genres d’activités vous menez sur le terrain ?

Nous avons plusieurs activités que nous menons sur le terrain, en dehors des activités quotidiennes que chaque femme mène de son côté. Nous nous regroupons chaque mercredi pour réfléchir ensemble sur les actions à mener sur le terrain. Ainsi nous portons assistance aux membres qui en font la demande en faisant des tontines. Pour 2016, les femmes ont cotisé une somme de 3,5 millions de F.CFA.

Les femmes battantes pensent aussi à la salubrité de la ville de Kpalimé. C’est ainsi que les premiers samedi du mois, nous répondons à l’appel du gouvernement en nous mobilisant pour l’opération de salubrité publique. Nous organisons aussi des formations à l’endroit des femmes. Nous avions déjà initié en 2015 une sensibilisation à travers une causerie-débat sur le cancer du col de l’utérus, sur l’épargne et le crédit ainsi que sur le Fonds National de la Finance Inclusive. En 2016, la formation a porté sur la gestion du petit commerce et comment négocier un crédit financier.

Les femmes battantes assistent aussi les enfants démunis en leur distribuant des fournitures scolaires à chaque rentrée scolaire. Cette année, nous avons aussi réhabilité une voie de près de 2 kilomètres. Nous voulions en faire plus, mais nos moyens sont très limités, car nous ne bénéficions d’aucune aide. Tous se fait à travers nos cotisations.

Nous remercions au passage, toutes les bonnes volontés notamment l’association Hilfe Für Togo qui nous a soutenues dans la réhabilitation du tronçon. Nous lançons un appel aux bonnes volontés qui peuvent nous appuyer financièrement et matériellement pour la poursuite des travaux de réhabilitation. Les femmes battantes ont les compétences nécessaires pour gérer ces chantiers.

Pour l’année 2017, les femmes battantes de Kloto entendent parrainer les cinq meilleures jeunes filles du cours primaire et les cinq meilleures du secondaire durant leur cursus scolaire, aider cinq coiffeuses ou cinq couturières nécessiteuses à s’installer et enfin organiser le dépistage du cancer du col de l’utérus.

Cette année, la journée internationale des droits des femmes a pour thème :  »les femmes dans un monde du travail en mutation : planète 50-50 d’ici 2030 » Que vous inspire ce thème ?

Au niveau de l’association « les femmes battantes du Mont Kloto », nous estimons que les femmes doivent répondre valablement à ce rendez-vous, mais il faut au préalable des conditions.

Il faut que nos filles dès le bas âge, aient les mêmes chances de scolarisation et fournissent les mêmes efforts que les garçons. Elles ne doivent plus avoir peur des matières scientifiques et l’Etat doit promouvoir des prix d’excellence en faveur des filles qui font des efforts dans les matières scientifiques.

Il faut aussi que les femmes prennent des initiatives jadis réservées aux hommes (par exemple la réhabilitation du tronçon que nous avons mené en grande partie par nos propres fonds).

Les femmes ne doivent pas laisser le terrain libre aux hommes dans les domaines de la recherche. Nous avons nos sœurs qui enseignent dans les universités, il faut qu’elles reviennent régulièrement vers leurs filles des collèges pour leur présenter les résultats de leurs travaux de recherche pour les amener à leur emboîter les pas.

Au Togo, les femmes représentent plus de 52% de la population, mais elles sont invisibles à de grands postes, surtout en politique (à l’assemblée nationale, dans le gouvernement etc…) comment expliquez-vous cela ?

D’entrée, je dirai que l’homme doit cesser son égoïsme, et accepter partager le gâteau avec les femmes. Certaines femmes pensent que s’il faut accéder à des postes de responsabilité sous des conditions, elles doivent préférer s’adonner à leur petit commerce. Sinon ce ne sont pas les compétences qui manquent.

Les hommes eux-mêmes le savent, nous avons fait des études ensemble et ils connaissent la valeur de certaines femmes, ce qu’elles peuvent faire pour booster le développement du pays. Pour leur dignité de femmes, elles préfèrent rester dans leur coin.

Par ailleurs, je peux l’affirmer que l’ennemie de la femme, c’est la femme. Si les femmes se mobilisent derrière une candidature féminine à la présidentielle, celle-ci doit gagner. Mais elles préfèrent plutôt soutenir les hommes, et dénigrer leurs camarades femmes en les traitant comme des insoumises à leur époux.

Si nous prenons le cas des Etats-Unis où je pense pour ma part que les Américaines qui n’étant pas prêts à être gouvernées par une femme, ont fait obstacle à Madame Clinton avec l’appui des hommes. Nous femmes, nous devons nous libérer de la pensée que nous sommes des sexes faibles.

Quel appel avez-vous à l’endroit des femmes ?

Je lance un appel à toutes les femmes à adhérer à l’association et à se départir des préjugées. Je vous rappelle que l’association «les femmes battantes» est un regroupement de femmes de Kloto, toute tendance confondue qui œuvrent inlassablement pour un meilleur devenir des femmes de la préfecture. Je précise que nous ne cherchons pas à concurrencer les hommes, ni à prendre leur place. Mais plutôt à les accompagner dans la réalisation des objectifs visant à appuyer les actions du gouvernement à travers la promotion des femmes.

Je voudrais aussi rassurer les femmes de Kloto que l’association se propose d’organiser une conférence débat sur le thème de l’année pour leur faire comprendre la femme loin de prendre place de l’homme, veut plutôt accompagner celui-ci. FIN

De Kpalimé, Bolassi ATCHINAKLE

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