Le Ghana, exemple de démocratie en Afrique, vote pour son prochain président lors d’un scrutin très serré

Les Ghanéens ont voté mercredi pour leur prochain président et députés, dans un scrutin qui est perçu comme un test de la stabilité d’un des pays les plus démocratiques du continent, sur fond de ralentissement de l’économie et de scandales de corruption.

Quelque 15 millions d’inscrits de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest sont appelés à déposer leur bulletin dans les bureaux de vote qui ont ouvert vers 07H00 et doivent fermer à 17H00 (locales et GMT). Ils élisent leur prochain président pour un mandat de quatre ans ainsi que leurs 275 députés.

Sept candidats sont en lice pour la présidentielle, dont une ex-première dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Mais la bataille se joue entre les rivaux historiques: le président Mahama (Congrès national démocratique – NDC) et le leader du NPP (Nouveau parti patriotique), Nana Akufo-Addo.

Les résultats sont attendus à partir de jeudi soir. Si aucun des deux principaux candidats ne remporte plus de 50% des voix, un second tour aura lieu courant décembre.

M. Akufo-Addo est arrivé aux alentours de 10h30 dans le bureau de vote de sa ville de Kibi, à deux heures de route au nord d’Accra, où une cinquantaine de personnes attendaient dans le calme de déposer leur bulletin dans l’urne.

– ‘Défenseur de la démocratie ‘ –

Décontracté, portant une simple chemise grise et ses éternelles lunettes rondes, le principal opposant a souligné qu’il était « très important que le processus électoral se déroule avec efficacité et de manière pacifique, pour que le Ghana garde sa réputation de défenseur de la démocratie » en Afrique.

Ce jour est « important aussi parce qu’il est l’opportunité, peut-être, de donner à notre pays une nouvelle direction », a-t-il ajouté.

Pour ses partisans, l’image de l’opposant est celle d’un « leader incorruptible » et ils espèrent qu’il pourra remettre l’économie d’aplomb pour entrer en compétition avec la Côte d’Ivoire, voisin en plein regain de croissance.

« Nous faisons face à un tas de difficultés économiques. Rien ne va », se plaint Julie Amofah, 26 ans, une électrice de Kibi.

Au cours de la matinée, la foule s’est amassée à Bole (nord) pour accueillir le président dans sa ville d’origine.

Arrivé vers 12H00, il a déclaré se « sentir très confiant », quant aux résultats du scrutin et « fier » de son bilan, n’ayant « aucun regret ».

« Apporter l’eau courante dans un village et changer ainsi les vies de ceux qui y vivent est aussi important pour moi que de construire l’échangeur autoroutier Kwame Nkrumah » à Accra, a-t-il déclaré après avoir déposé son bulletin dans l’urne, sous les yeux des observateurs de la Cédéao, l’organisation régionale d’Afrique de l’Ouest.

– Tensions –

Mahama, 58 ans, peut se féliciter d’avoir instauré une discipline fiscale mais son mandat a été entaché par un ralentissement économique (3,3% en 2016), notamment du à la chute des cours des matières premières dont le Ghana est fortement dépendant (or, cacao, pétrole,…), et à des scandales de corruption au sein de l’administration, particulièrement de la justice.

Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême juge que ce scrutin est un « moment charnière » pour le Ghana.

La campagne électorale a été marquée par des tensions et des violences. Un partisans du NPP a été tué lundi dans des heurts – qui ont fait en outre 14 blessés, dont six sont dans un état critique – en marge d’un meeting électoral.

Le jour de l’élection, une député de l’opposition a également confié à l’AFP avoir été attaquée par un groupe de « macho men », ces milices financés par des hommes politiques locaux et qui sont accusés de perpétrer des fraudes et des violences.

« Quatre d’entre eux avaient des armes à feu et les autres avaient des couteaux. Ils ont ordonné à mon équipe de se coucher par terre, et ont pris leur effets personnels », raconte Cecilia Gyan Amoah, candidate NPP dans la circonscription d’Asutifu South (centre). « Ils m’ont ensuite frappée avec des bâtons ».

Lors des dernières élections de 2012, les deux mêmes candidats principaux s’étaient affrontés, et le président Mahama avait remporté le scrutin de peu, avec 50,7% des voix contre 47,7% pour M. Akufo-Addo qui avait contesté en vain les résultats devant la Cour constitutionnelle.

Il a récemment déclaré à l’AFP qu’il n’excluait pas de retourner vers la justice s’il perdait ce scrutin.

SOURCE : AFP