Kenya: Au moins 5 disparus dans l’effondrement d’un immeuble à Nairobi

Au moins cinq personnes sont portées disparues à la suite de l’effondrement d’un immeuble de sept étages dans la nuit de lundi à mardi à Nairobi, où de nombreux édifices des quartiers populaires ont été construits au mépris de toutes les règles.

«Un immeuble de sept étages s’est effondré à Kware Pipeline Embakasi», un quartier résidentiel très pauvre situé non loin de l’aéroport international de Nairobi, au sud-est de la capitale kényane, a déclaré à l’AFP Noellah Musundi, une porte-parole de la Croix-Rouge kényane.

«Nous n’avons pas encore beaucoup d’informations sur le nombre exact de disparus, qui reste à confirmer, mais actuellement, une mère et ses trois enfants sont portés disparus», a ajouté la porte-parole.

Pius Masai, de l’Unité nationale de gestion des catastrophes, a de son côté fait état de cinq disparus, dont une famille de quatre personnes.

Selon la Croix-Rouge, la police et des témoins, des habitants de l’immeuble ont alerté les autorités lundi soir après avoir constaté l’apparition de fissures.
Une opération d’évacuation d’urgence a alors été organisée avant que l’immeuble ne s’écroule vers 22H00 locales.

D’après des témoignages recueillis par l’AFP, un nombre inconnu de locataires a ignoré l’ordre d’évacuation et d’autres personnes que celles mentionnées par la Croix-Rouge pourraient être sous les décombres.

Dorothy Ouko dit par exemple être sans nouvelles de son fils de 15 ans et de son neveu de 22 ans, qui ont tenu selon elle à terminer leur repas avant de quitter l’immeuble.

«Une de mes voisines, au sixième étage, a insisté pour rester car elle disait que nous ne sommes pas Dieu et que nous pouvions dès lors pas savoir s’il (l’immeuble, NDLR) allait s’effondrer», a-t-elle rapporté. «Elle était chez elle avec ses deux enfants et nous ne savons pas où elle est».

– «Construction pas autorisée» –

Sur place, des opérations de déblaiement étaient en cours, à l’aide d’excavatrices, sur les décombres de l’immeuble qui s’est affaissé sur lui-même et dont on voit encore distinctement le dernier étage et le toit en tôle rouge. Un camion de pompiers se trouve également sur les lieux, ainsi que des soldats et de nombreux badauds.

Selon Pius Masai, 128 locataires sains et saufs ont été comptabilisés. «La plupart des familles ont coopéré et ont été évacuées à temps, mais nous pensons que plusieurs personnes pourraient avoir été piégées et les opérations de secours sont en cours».

«Il s’agit d’une opération très délicate», a ajouté M. Masai, précisant que l’immeuble voisin, lui-aussi de sept étages, n’est pas non plus très stable. Ses locataires ont d’ailleurs reçu mardi matin l’ordre de l’évacuer.

Plusieurs bâtiments se sont effondrés ces dernières années à Nairobi et dans d’autres villes du Kenya, pays en pleine expansion immobilière. La qualité des matériaux et les constructions tous azimuts sont régulièrement mises en cause, ainsi que la capacité de promoteurs peu scrupuleux à contourner la réglementation moyennant des pots-de-vin.

«Le gouvernement du comté n’est pas sérieux», s’est emporté Francis Mwangi, un habitant d’un immeuble adjacent. «A chaque fois qu’ils promettent de démolir les habitations qui ne sont pas aux normes, ils en démolissent une ou deux et puis passent à autre chose». «Pourquoi n’ont-ils pas arrêté la construction pendant qu’elle avait lieu ? Tout cela, c’est de la corruption et de l’incompétence».

Le gouverneur du comté de Nairobi, Evans Kidero, a assuré que la construction de l’immeuble en 2007 «n’avait jamais été approuvée par le comté», et soutenu que le bâtiment faisait partie d’une série d’immeubles à risque qui devaient être démolis.

«Il n’a pas été démoli pour des raisons de sécurité, mais vous savez, a assuré M. Kidero, il y a aussi des propriétaires qui vont en justice et obtiennent des injonctions (de suspension de démolition, NDLR)».

En avril 2016, 49 personnes avaient péri dans l’effondrement d’un immeuble de six étages dans un quartier pauvre du nord-est de la capitale. Le bâtiment s’était affaissé en raison de pluies torrentielles et de la mauvaise qualité de la construction.

SOURCE : AFP