Crise au Togo : Aller au « référendum », est une « absurdité », selon Me Agboyibo

Aller au référendum dans le contexte actuel au Togo, secoué par une crise sociopolitique depuis le déclenchement des manifestations de l’opposition en août dernier, est une « absurdité », a estimé ce dimanche Me Yawovi Agboyibo, président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR, opposition) et ancien Premier ministre.

« Parler de référendum sur le modèle de celui dont on parle, celui qui est envisagé. Je dirai, si le mot n’était excessif, une absurdité. Aller au référendum pourquoi ? Parce qu’un texte n’a pu faire l’objet du consensus qu’il fallait et on dit que le référendum est la solution. Dans l’APG (Accord Politique Global), il est écrit de façon claire et nette que toutes les réformes constitutionnelles et institutionnelles, doivent s’opérer par consensus. Le référendum n’est pas une technique de consensus, c’est contre le gré d’une bonne partie de la population », a-t-il martelé sur le plateau de la radio privé Pyramide Fm.

Selon lui, le projet de révision constitutionnelle adoptée par les 62 députés de l’Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) le 20 septembre dernier « est complètement inacceptable ».

Les députés de l’opposition avaient boycotté la séance exigeant le retour pur et simple à la constitution de 1992, situation qui ouvre la voie à un « référendum », le texte n’ayant pas obtenu les 4/5 des voies, préconisées par la constitution.

A en croire le président du CAR, « si on veut imposer une constitution, le problème restera intact ».

« La constitution de 1992 est le texte qui a institué au Togo, le système antithétique, opposé à celui du parti-Etat, institué en 1980 (…) La façon la plus simple et la plus adéquate, c’est de rétablir par voie d’abrogation, la constitution de 1992 », a souligné Me Agboyibo, l’une des grandes figures de l’opposition togolaise.

« De façon concrète et technique, c’est très simple. Il s’agit de prendre une loi abrogeant les modifications qui ont été apportées à la constitution d’origine. Et ces les députés du pouvoir et de l’opposition qui prendront cette disposition pour abroger toutes les dispositions qui ont été introduites dans la constitution ».

Précisons que les modifications ont été apportées à la constitution de 1992, en décembre 2002.

« Il revient au pouvoir, notamment au chef de l’Etat, d’entrer en lui-même, de mesurer la gravité de la situation et de prendre la mesure qu’il faut », a ajouté l’ancien Premier ministre.

Revenant sur la phrase « En aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats », Me Agboyigbo, a expliqué : « Le togolais (tel qu’il soit), ne peut pas bénéficier de plus de deux mandats, que ce soit dans le présent ou dans le passé. Et c’est notre histoire, l’histoire que les togolais ont traversé qui explique cette exigence-là ».

La coalition de l’opposition dont est membre le CAR, exige notamment la constitution de 1992.

Les partisans des 14 partis politiques de ce regroupement ont encore manifesté mercredi et jeudi à Lomé et dans plusieurs villes du pays. Mais à Lomé, les marches se sont déroulées sous une forte tension, surtout le jeudi.

Ils dénoncent également « les répressions sauvages des manifestations pacifiques publiques des mois d’août et septembre 2017 ayant fait des morts, de nombreux blessés et des centaines d’exilés » et exigent une « enquête indépendante pour situer les responsabilités et traduire en justice les auteurs et commanditaires de ces violences ».

La Coalition exige aussi la « libération immédiate et sans conditions, de tous les prisonniers politiques, notamment, les personnes arrêtées lors des manifestations pacifiques publiques des mois d’août et septembre 2017 ».

Précisons qu’au moins quatre personnes sont mortes depuis le début des manifestations de l’opposition le 19 août et plusieurs blessés (dont des forces de l’ordre), selon un bilan officiel. Plusieurs dégâts matériels sont également enregistrés. FIN

Junior AUREL

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