Bousculade meurtrière dans un stade en Angola: Des témoins accusent la police

Plusieurs témoins de la bousculade qui a fait au moins 17 morts vendredi à l’entrée du stade d’Uige, dans le nord de l’Angola, accusaient samedi les forces de police d’avoir provoqué la panique en tentant notamment de disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogène.

« Ce sont les policiers qui ont commencé à créer la confusion. C’était mal organisé, ils ont lancé des grenades lacrymogènes, ce qui a provoqué le mouvement de foule », a expliqué à l’AFP, Olavo Castigo, un témoin de la scène.

« La police a commencé à frapper les gens qui étaient contre la grille du stade et à lancer des grenades lacrymogènes. Certains sont tombés et sont morts », a confirmé Simao Teca qui était aussi à l’entrée du stade vendredi.

« Le désordre a commencé avec la police qui frappait les gens et qui ne laissait rentrer les spectateurs qu’au compte-gouttes, même ceux qui avaient des billets », raconte Daniel Mpanzo, blessé à la tête et victime d’une fracture de la jambe après avoir été coincé contre la grille.

Le président angolais, Jose Eduardo dos Santos, lui-même a critiqué la police.

« C’était une grave erreur de laisser autant de gens s’approcher du stade. Beaucoup de gens n’avaient pas de billet et cela a créé la confusion. C’est très triste », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Une commission d’enquête chargée de déterminer les causes du drame qui a fait au moins 17 morts, dont plusieurs enfants, et 56 blessés selon un bilan officiel a été mise en place samedi par le gouvernement.

Une autre commission devra soutenir les familles endeuillées et aider à l’organisation des funérailles.

Si le bilan officiel n’a pas varié, un médecin de l’hôpital militaire d’Uige qui souhaite rester anonyme avançait samedi soir le chiffre de 25 décès.

Le drame a eu lieu à l’entrée du stade où le club de Santa Rita accueillait le Recreativo do Libolo, en ouverture du championnat angolais.

Selon Sergio Traguil, l’entraîneur de l’équipe hôte, interrogé par le journal portugais « Diario de Noticias », « aucune personne à l’intérieur du stade ne s’est aperçue de ce qui se passait à l’extérieur ».

Des images diffusées par la télévision publique angolaise semblent confirmer ces déclarations.

On y voit le match se dérouler normalement, dans un stade champêtre, dépourvu de toute tribune, où les spectateurs assistent à la rencontre le long de la main courante au bord du terrain, ou massés derrière le but sur les pelouses d’une petite colline.

– ‘Tristesse’ –

Le match s’est d’ailleurs déroulé jusqu’à son terme avec la victoire du Recreativo 1 à 0.

Dans un communiqué, la Fédération angolaise de football a fait part de ses sentiments « de peine, de tristesse et de solidarité » envers les familles touchées et souhaité « un prompt rétablissement », aux blessés.

L’histoire du football dans le monde a été marquée par plusieurs mouvements de foule meurtriers.

En 2009, 19 personnes sont mortes dans la capitale économique ivoirienne Abidjan après une bousculade lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde 2010 entre la Côte d’Ivoire et le Malawi.

En 2001, un mouvement de foule avait également coûté la vie à 127 supporters à Accra, la capitale du Ghana.

En mai 1964, 320 personnes ont été tuées et plus de 1.000 blessées dans une bousculade au stade de Lima, lors d’une rencontre Pérou-Argentine. Les supporters n’avaient pas pu s’échapper et sont morts piétinés ou asphyxiés.

Dans les années 80, l’Europe n’a pas non plus été épargnée par ces tragédies, notamment en Grande-Bretagne. En 1985, un incendie dans le stade de Valley Parade avait fait 56 morts, tandis que quatre ans plus tard, 96 personnes étaient décédées à Hillsborough.

La plus tristement célèbre de ces tragédies reste celle du Heysel, où le 29 mai 1985, à l’occasion de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus, 39 personnes avaient été tuées et 458 blessées dans une terrible bousculade provoquée par des hooligans anglais.

SOURCE: AFP